Laure Bolatre
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Laure Bolatre

Laure Bolatre, auteur de "Mon miroir, mon âme" et de "Tu m'as juste oublié".Elle a reçu en 2010 et en 2011, un prix « mention d’excellence » aux Poésiades
 
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 l'enfant (Primée)

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AuteurMessage
Laure.bolatre




Messages : 8
Date d'inscription : 08/09/2011

l'enfant        (Primée)                                                   Empty
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Primée par Provence-poésie d’Aubagne 2011




L’enfant




L’enfant regarde s’éloigner la voiture.
Ses yeux bleus reflètent l’incompréhension.
Il aimerait comprendre.
Mais les grands n’arrêtent pas de lui dire que pour l’instant il est trop petit, qu’il comprendra quand il sera plus grand. Mais lui, c’est maintenant qu’il veut savoir !
Pourquoi les grands pensent- ils toujours que parce qu’on a cinq ans nous ne pouvons pas comprendre les choses ! Il suffirait de nous les expliquer tout simplement !
La voiture disparue à l’horizon, il décide de rentrer dans la maison.
Tiens ! Par exemple ! Il aimerait qu’on lui explique pourquoi son papa n’arrête pas de pleurer depuis l’autre nuit, celle où il l’avait réveillé pour l’emmener chez papi et mamie parce que maman devait aller à l’hôpital : sa petite sœur demandait à venir au monde. Cette nuit là, tout le monde souriait, et lui, il avait fait un joli dessin pour Sara. Papi avait dit qu’il l’accrocherait le lendemain dans la chambre de sa petite sœur, juste au- dessus de son lit. Mais le dessin, il était toujours là, posé sur la table. Il avait demandé à tonton Marc, le petit frère de maman, de l’accrocher, celui-ci lui avait répondu avec un sourire tout triste :
« -plus tard Denis, tu veux bien ?
-mais je veux qu’il y soit quand Sara rentrera avec maman ! »
Son oncle lui avait ébouriffé les cheveux et s’était éloigné, sans répondre.
Minette, la petite chatte noire et blanche, vient se frotter contre lui en miaulant. Il se dirige vers la cuisine.
« -tu n’as plus de croquettes, Minette ? Papa ! Papa ! Minette elle veut des croquettes ! »
Pas de réponse. Pourtant, il en est certain, papa est là, quelque part dans la maison. Avant de partir, papi et mamie lui ont dit :
« -Denis chéri, papa a beaucoup de chagrin, il faudra que tu sois très mignon… »
Mamie a tourné la tête pour se moucher.
Alors papi lui a dit :
« -va faire un gros câlin à papa tu veux bien ?
-je fais toujours de gros câlins à papa et à maman…euh…vous ne le direz pas à mes copains…ils se moqueraient !
-promis… »
Et ils étaient partis.
Comme tous les autres d’ailleurs.
Hier, la maison était tellement pleine de monde que l’on n’avait même pas pensé à l’emmener à l’école.
Il n’avait rien dit, bien sûr.
Il s’était réfugié dans la chambre de sa petite sœur.
C’était papa qui l’avait retrouvé entrain de jouer avec les peluches de Sara. Au début il avait eu un peu peur que papa ne se fâche mais non, il l’avait pris par la main, sans un mot, lui avait dit de mettre son costume, celui que maman lui avait acheté pour le mariage de tante Clothilde :
« -tu m’aides ?
-tu es grand.
-non ! Ce n’est pas vrai ! Tout le monde dit que je suis encore trop petit !
-Denis, s’il te plait….
-on va voir maman et Sara ?
-oui….
Tonton Marc avait posé sa main sur l’épaule de son père.
-laisse, je m’en occupe.
-dis tonton, on va allez voir maman et ma petite sœur ?
-écoute Denis, ta maman et Sara sont…
-tu sais, tonton, tu peux tout me dire à moi, je suis un grand j’ai cinq ans !
-d’accord….
-tu crois que j’ai peur d’aller les voir parce qu’elles sont à l’hôpital ?
-non…ce n’est pas… nous allons aller les voir à….
-chouette, je vais voir maman ! Je vais voir maman et ma petite sœur ! »
Mais il avait menti !
En fait, ils étaient retournés à l’église où tante Clothilde avait épousé tonton Jean-Jacques.
Sauf que cette fois personne ne riait.
Tout le monde avait l’air triste.
Et papa pleurait.
Et papi pleurait.
Et mamie pleurait.
Et plein de gens que je ne connaissais pas pleurait.
Sylvie sa nounou, lui avait fais un petit signe de la main, elle aussi pleurait.
Elle était venue le prendre dans ses bras quand papa s’était levé pour embrasser ces drôles de meubles au milieu de l’église.
C’était drôle on aurait dit des lits mais fermé, comme des boites.
Dessus, autour, partout, il y avait de grandes fleurs de toutes les couleurs on aurait dit le jardin de maman d’ailleurs ce qu’il y avait de bizarre c’était que les fleurs avaient une grande étiquettes avec le nom de maman « Geneviève ».
Je sais bien écrire le prénom de maman c’est elle qui m’a appris et celui de papa aussi
Paul, et de ma petite sœur Sara.
En tout cas je suis certain que maman sera contente quand elle rentrera et qu’elle verra toutes ces fleurs, il y en a même au nom de Sara.
Sylvie m’a emmenée chez elle.
J’ai joué avec fabienne et Etienne et regardé la télé.
Papa était venu me chercher avec papi, ils ont parlé longtemps avec Sylvie c’était bien j’ai pu voir la fin de mon dessin animé !
« -papa ! Papa ! »
Denis monte à l’étage la porte de la chambre de Sara est entrouverte.
L’enfant la pousse. Son père est assis là par terre, tenant dans ses mains la poupée de chiffon que maman avait acheté au supermarché le jour où elle était partie pour l’hôpital.
« -papa, Minette, elle a plus de croquettes.
-ah oui…
-tu viens lui en donner !
-j’arrive…
-papa ?
-oui ?
-quand est- ce que maman reviendra avec ma petite sœur ?
-elles ne reviendront pas, chéri…
-pourquoi ? Sara ne veut pas me voir ? Elle veut rester avec maman tout le temps ?
-non, ce n’est pas…tu te rappelles quand nous étions à l’église ?
-oui, tout le monde pleurait, moi je n’ai pas aimé, tu sais.
-j’en suis certain. Moi non plus tu sais. En fait si nous étions tous là c’était pour dire adieu…
- non papa ne pleure pas ! S’il te plait…
-dire adieu à maman et Sara…
-pourquoi ?
- parce qu’elles ne reviendront pas.
-elles sont parties où ?
Questionne l’enfant inquiet.
-au ciel avec les anges.
-elles reviendront jamais nous voir ?
-pas ici.
-où alors ?
-un jour, nous aussi nous irons voir les anges…alors ce jour là nous les retrouverons…nous serons de nouveau tous ensembles.
A ces mots l’enfant se relève et se précipite dans le couloir.
-où vas-tu ? s’écrit son père.
-je vais préparer mon sac !
-un sac pourquoi ?
-moi, je n’ai pas envie d’attendre alors je vais préparer mon sac et je vais aller voir maman et Sara, et les anges et toi aussi tu viens sinon maman va pas être contente !
Soudain l’enfant revient sur ses pas embrasse son père :
-j’oubliais…
-quoi donc ?
-merci de m’avoir expliqué les choses. Tu vois j’ai tout compris, même si je suis un petit garçon. Je t’aime et maman et Sara aussi…mais ne le dit pas à mes copains…ils se moqueraient.

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